Quand j’ai rencontré Guillaume Brachet, CXS Therapeutics n’existait pas. Ayant contracté la maladie de Parkinson à l’âge de 28 ans, il s’était retrouvé, comme 2,3 millions de malades dans le monde, avec un traitement symptomatique sur les bras. Lequel avait pour lui un goût de défaite. Que faire ? Travailler pour aller chercher la victoire du côté du premier traitement étiologique. Qui traite les causes, et non plus seulement les symptômes. Un traitement révolutionnaire.
Je vais vous raconter ici, en 4 épisodes, cette folle histoire ayant mené de la création de CXS à la deuxième levée de fonds en cours.
Tout commence par un défi à contre-courant : remonter la Loire en kayak. Le protagoniste : Guillaume Brachet, qui se bat contre la maladie de Parkinson et qui travaille, avec une équipe, sur le premier traitement étiologique. Lieu du partage : LinkedIn. Cela fait tout de suite écho en moi. Je voudrais être utile au projet et l’en informe.
Quatre semaines plus tard : réponse en faveur d’un échange. À ce moment-là, plusieurs choix se présentent à Guillaume : mettre son brevet provisoire dans les mains d’une asso/d’une fondation/d’un grand labo… ou monter une boîte. Je lui apporte un éclairage et attends qu’il tranche sur ce point crucial.
Quelque temps plus tard, à l’issue d’une journée, au vu du fit, des objectifs partagés, d’une analyse rapide des options précitées, il apparaît clair que nous allons monter une entreprise ensemble… Ainsi naissait CXS Therapeutics. Avant de poursuivre le récit, je vous propose de faire une première « escale savoir ».
Dans un premier temps, j’estime la puissance de la découverte de CXS Therapeutics. Qu’a-t-on entre les mains ? Quelles sont les forces, les faiblesses, les points d’ombre et d’interrogation ?
Évidemment, la motivation profonde de Guillaume et de ses (mes futurs) associés pèse dans la balance, ainsi que leur capacité à mesurer ce qu’ils détiennent. Je comprends par ailleurs rapidement que Guillaume a une approche très scientifique du sujet, de l’espoir, du recul, une créativité forte, et sait établir le lien entre les concepts et les gens.
Sur le plan scientifique, on est clairement à la croisée du connu et de l’inconnu. Les connaissances des molécules repositionnées sont importantes, mais les considérer dans une approche différente, animées par d’autres mécanismes d’action dans une ère thérapeutique nouvelle, charrie tout de même son lot de questionnements.
À partir de là, repérer et inférer autour des signaux faibles est un point crucial. On ne sait pas tout, on ne déroule pas complètement le process, mais on aperçoit ces signaux faibles convergents, qu’on va explorer avec 2 approches : vérifier les freins principaux (les « warning ») et avancer sur le chemin.
Il faut donc accepter une part d’inconnue, laquelle se réduit au fur et à mesure des avancées.
Tant que les drapeaux sont verts, on avance. On cherche où sont les « no-go », les drapeaux rouges, en somme. Un peu comme l’eau change de direction lorsqu’elle rencontre un obstacle.
Le repositionnement de médicament est dans la proposition de départ de CXS. Guillaume arrive avec CXS001 et CXS002, deux médicaments connus et utilisés.
Dans l’océan de la Biotech, le repositionnement de médicament est une mer peu fréquentée et très belle. Peu de risque de tempête, la cartographie étant déjà établie… Ce qu’il faut comprendre, c’est que cette démarche scientifique est beaucoup moins risquée que le process classique de création de molécules pour deux raisons majeures :
Une molécule classique part quant à elle à l’aventure sans que personne n’ait jamais fait le chemin.
Aparté savoir
On peut faire de la propriété intellectuelle sur des molécules déjà présentes sur le marché. Il existe une vraie « science » du sujet. Sa mise en oeuvre est possible ou impossible, suivant les dossiers.
Pour CXS003, c’est bien évidemment possible. Et c’est un des critères challengés très tôt dans le process. Pas brevetable = pas valorisable = pas de filiale…
Ici : tous les drapeaux sont verts.
Puis arrive le moment où j’insiste pour opérer sous forme de plateforme = CXS Therapeutics allait devenir une plateforme de repositionnement dans les maladies du système nerveux central. Avec pour vocation d’améliorer et d’enrichir le process de découverte de nouveaux leads, en se basant sur l’expérience pragmatique de Guillaume.
Ainsi, comme vous l’aurez compris, CXS001 et CXS002 ne seraient QUE (!) les premiers hits issus de cette plateforme. L’idée est de se donner les moyens de rebondir, si jamais ces derniers ne sont pas les bons (à résilience). Également d’enrichir et d’aller plus loin tout de suite, en se projetant sur le long terme, avec une ambition décuplée.
Important : tout cela mené sans se tromper de combat. En utilisant les ressources disponibles et aussi en se projetant sur une structure prometteuse pour les 10/15 ans à venir. D’où la création d’une entité distincte, SAPPIENS, laquelle endossera le rôle de la visibilité grand public.
Aujourd’hui, 6 septembre, date à laquelle j’écris ces lignes, CXS est en train de déposer 2 nouveaux brevets dans une autre pathologie du système nerveux central. La plateforme est encore plus efficace qu’escompté, et donne des résultats potentiellement « game changer », y compris sur des pathologies hors système nerveux central, et notamment sur une maladie rare.
Une fois qu’on a lu ce qui précède, on se dit : banco et autoroute. La réalité est tout de même plus nuancée. Mes doutes sont toujours ceux du scientifique : dans ce qui a d’ores et déjà été exploré : aucun drapeau rouge. Mais tant que le chemin jusqu’au patient pour CX003 (nouvelle version des avancées) n’est pas terminé, il peut y en avoir.
Raison pour laquelle continuer de chercher de nouveaux hits - y compris sur la maladie de Parkinson - donne du temps pour rebondir le cas échéant.
Le sujet de la valorisation / levée de fonds / cash est toujours primordial. Comme on l’a vu, CXS est très bien engagée, mais, dans ce domaine, il n’existe ni certitude ni confort. Le projet incarne toutefois nettement un vecteur de progrès pour la santé.
Ainsi qu’un bel exemple d’EDT :
Connaissance très pointue d’un domaine ;
Pas forcément calée et complète sur l’ensemble des skills ;
Motivation puissante qui ne s’arrêtera pas au premier coup de vent ;
Au clair et au calme dans sa relation à l’argent ;
Techno au potentiel multiple et, pour une part, certainement sous-estimée ;
Cas d’usage concret permettant de valoriser sur le court terme.
CXS représente pour Valeureux un cas singulier car l’implication va au-delà du financement.
Même avec un projet si bien avancé, où les drapeaux verts s’alignent les uns derrière les autres, on doit absolument éviter de minimiser le risque et les inconnues encore présentes. Ce serait un manque de lucidité très dommageable au projet.
Douter et avoir conscience du risque doit nous accompagner. Pas de risque, pas de récompense forte.
Avancer pour partie en terres connues et pour partie en terres inconnues est une constante immuable dans tout projet EDT. Et l’inconnu n’est pas toujours négatif…
Car on est peut-être en train d’ouvrir une nouvelle route de la soie.
CXS/SAPPIENS est un projet bien avancé, extrêmement ambitieux, ayant pour objectif de créer le premier traitement étiologique / neuroprotecteur (et donc révolutionnaire) contre la maladie de Parkinson… et ce n’est pas tout, comme vous avez pu le lire. Potentiel impact colossal en ligne de mire. Alors si vous souhaitez embarquer dans cette folle aventure, c’est par ici que cela se passe.
Et pour lire la Lettre 2 sur CXS Therapeutics, cliquez ici